Depuis janvier, un site incite l'internaute à dire «euh !». Sylvain Vriens, 21 ans, étudiant en beaux-arts et multimédia à Amsterdam, a cherché un nom. «Et, ne trouvant pas, j'ai dit... euh ! Alors je l'ai appelé project-euh car euh.com était déjà pris.» L'information serait anecdotique si euh !, de l'avis de son auteur, n'était une expression totalement adaptée «à la navigation sur le site». On en conviendra en ajoutant : adaptée aussi aux surprises et moments d'errances que son travail désarçonnant suscite.
Patience. Project-Euh est dévorateur de temps. Hormis quelques textes ou un film angoissant et elliptique sur les envies de suicide (répétitives et variées) suscitées par la ville d'Amsterdam, il n'y a rien à y comprendre, et beaucoup à éprouver. La patience, la résistance aux lois du hasard, la capacité à lutter contre la panique sont convoquées : apparitions de dizaines de curseurs et boutons (euh... où est le mien ?), d'une flèche géante et collante (euh... comment s'en débarrasser ?), de téléviseurs en abymes (euh... comment en sortir ?), de fenêtres folles et agitées qui jouent (vraiment) au Ping-Pong entre elles, de réponses graphiques à un questionnaire... dont on ne connaît pas la question. On en passe beaucoup et des meilleures, tels les détournements ludiques et temporaires de Hotmail, Yahoo ! ou Google.
Project-euh pourrait être la création d'un esprit quelque peu obsessionnel, sinon fasciné par la chose sérielle et une certaine finalité de l'absurde. Rien de m