Le gardien des squares de Bagnolet est rassuré. Il craignait le pire du festival du graffiti, Kosmopolite, organisé par sa commune du 10 au 15 juin. Deux collectifs, les 12 douze et les MAC (Mort aux cons), avaient invité, grâce à la subvention de 22 900 euros de la mairie, une quarantaine de graffiti artistes du monde entier. Ensemble, ils ont peint une façade d'immeuble de 400 mètres de long, permettant d'apprécier la diversité de leurs styles. Quelques jours après le festival, le gardien félicite les graffeurs qui soignent les finitions. De l'autre côté du périphérique, la municipalité n'est pas aussi compréhensive. Depuis le début de 2000, la Ville de Paris a confié à la société Korrigan une mission : effacer systématiquement les graffitis sur ses 2 500 km de façades, pour un budget de 13 millions d'euros par an, sans prévoir de mesure d'accompagnement pour les artistes (1). La résistance s'organise malgré la pénurie de surfaces. Les terrains vagues qui ont fait l'histoire du graffiti, comme celui de la Poste de La Chapelle ou les palissades du Louvre, se font rares aujourd'hui. «En deux ou trois ans, tous les Hall of Fame (lieux où les graffiti artistes confirmés se réunissaient) ont été détruits : il n'y a plus assez de chantiers dans la capitale», explique Pro, 25 ans, de GT (Grim Team).
Bagnolet, rue Sadi-Carnot
L'ancienne rue commerçante de Bagnolet est une galerie du graffiti à ciel ouvert. Le collectif 12 douze y peint des personnages et des animaux burlesques au pi