Port-Cros (Var) envoyée spéciale
«Toi qu'es un vieux marin, tu crois que ça va se dégager ?», demande un habitué du bar en commandant une anisette. «Mais oui, ici c'est la Côte d'Azur !» Deux mines dépitées scrutent le ciel plombé au-dessus du port de Hyères. Parisiens fuyant la grisaille, ils attendent le bateau qui doit les amener sur l'île de Port-Cros. Grelottant dans leurs shorts, ils ont rendez-vous avec l'un des plongeurs du Parc national pour une découverte du sentier sous-marin. 9 h 30, la navette est prête à prendre la mer pour l'unique traversée du jour. Le voyage d'une heure semble interminable aux vacanciers livides, coincés au milieu des barquettes de salades, ballottés par la houle.
Dans la brume se dessine enfin l'île verdoyante. Quelques maisons et restaurants familiaux, deux hôtels fondus dans le décor, l'île a tout sauf l'allure d'une station balnéaire. «En haute saison, les navettes crachent 4 000 vacanciers par jour, la baie est envahie par les plaisanciers, mais là, pour un mois de juin, il n'y a pas grand monde», s'étonne un habitué. Après avoir récupéré les clefs de l'une des rares chambres réservées depuis des mois, les deux vacanciers enfilent leurs maillots de bain et se dirigent, hésitants, vers la capitainerie où les attend Gilles le plongeur, un poil songeur. «Le groupe de jeunes auxquels vous deviez vous joindre n'est finalement pas venu. En général, les mômes, par ce temps, ils sont bleus au bout de dix minutes. Mais bon, on peut y aller quand m