«Comment dépenser de l'argent avec mon art ?», se demandait Christophe Bruno. Avec le système Adwords de Google... Sur le plus célèbre des moteurs de recherche, un annonceur peut, grâce à Adwords, faire apparaître sa publicité seulement en fonction des mots recherchés par les internautes. Et ne payer qu'à proportion des internautes ayant cliqué sur le lien hypertexte de sa pub, en «pré-achetant» les mots (un fabricant de voiture réservera par exemple «moteur»).
Au départ, Christophe Bruno, 37 ans, n'envisage de recourir à Adwords que pour faire connaître son site, unbehagen.com. Puis réfléchit au possible détournement de cette commercialisation lexicale. En lieu et place des slogans racoleurs qui font office de publicité, il place des petits poèmes. C'est ainsi que, début avril, les internautes en quête d'informations sur «symptom» sont tombés sur un étrange texte précédant la liste habituelle des liens proposés : «Words aren't free anymore/bicornuate-bicervical uterus/one-eyed hemi-vagina/www.unbehagen.com».
Téméraires. «Ma première surprise, c'est quand un visiteur a atterri sur Unbehagen après avoir cherché "hemmoroïd symptom". J'avais trouvé là un moyen de lancer des happenings poétiques à grande échelle.» Il continue en achetant «dream» (rêve), «Mary» et «money» (argent). En vingt-quatre heures, avec ces campagnes, plus de 12 000 internautes ont pu lire ses écrits. Le tout ne lui aura coûté que 3,31 dollars (2,82 euros), seuls 66 téméraires ayant osé cliquer sur le lien.