Spézet (Finistère) envoyée spéciale
Si on demande à Ronan à quand remonte cette idée de randonnée les nuits de pleine lune, il se gratte la tête. Il ne sait plus très bien. «Il faudrait aller voir au cimetière, la date sur la tombe de Charlie. C'était juste après qu'il se soit noyé.» ça commence bien. A l'intitulé pourtant («Balade à la pleine lune dans les Montagnes noires. Rendez-vous à 21 heures à la chapelle Notre-Dame du Krann»), on s'était plutôt imaginé quelque chose du genre «Contes et légendes de Bretagne dans une clairière baignée de lune». Peut-être même un druide ou deux.
Mais déjà, en arrivant dans la grand rue de Spézet (2 000 âmes, aux confins du Finistère et du Morbihan), le cliché avait vacillé. Car, au pays du granit, de l'ardoise et de cette misère noire qui pousse à l'exil vers les Amériques, les façades sont aussi colorées que celles de Murano. Sur l'une d'elles, un christ en pierre manchot, ripoliné en jaune. Et, tout au bout, à l'embranchement pour Châteauneuf-du-Faou, un ancien café, bleu comme un tableau de Klein. Les guides de la région mentionnent les enseignes en breton mais oublient de dire qu'ici, certaines années, on organise des mariages bidons, histoire de s'amuser un peu.
L'existence de Ronan Broustal n'a en revanche pas échappé à la sagacité du Routard. Le petit homme blond, au visage fendu d'un sourire inamovible, est président de l'association de randonnée pédestre Ar Gaouenn Glas-Penn Kazh (La chouette bleue et le hibou). Et si Ronan Broust