Après avoir enterré la politique de sa jeunesse à la dernière présidentielle et compilé les restes du Parti communiste sous un slogan funèbre de son invention, Frédéric Beigbeder veut en finir avec «la bande originale de (s) a jeunesse», donc avec la nôtre. C'est son choix. Comment ? Avec un échantillon new wave garanti d'époque (Heaven 17, Howard Jones, Visage...), sédimenté au temps du programme commun et diffusée sur les dance-floors avant, pendant et après (longtemps après) la victoire de François Mitterrand. L'ex-concepteur-rédacteur de publicité, auteur à succès, animateur de télévision (Canal + à la rentrée) et maintenant fossoyeur charmant de sa propre génération (au lieu d'affronter la précédente comme le veulent les rituels anthropologiques d'usage), définit ainsi son «plus produit» dans le booklet : «Quand j'étais jeune, j'écoutais les groupes de cold wave pour avoir l'air vieux. Aujourd'hui que je suis vieux, je les écoute pour avoir l'air jeune. Leurs dénominations improbables résonnent en moi comme autant de madeleines, et font remonter à la surface des souvenirs égarés.»
Parmi les souvenirs auditifs éjectés dans le virage des années 80 figure le mystérieux et nasillard hit des Buggles : Video Killed the Radio Star. Le morceau de Trevor Horn et Geoff Downes (producteurs londoniens mid-70's qui «feront» plus tard ABC et Frankie Goes To Hollywood) constitue une jolie paraphrase musicale de cette énième déclinaison du «territoire de marque» Beigbeder (si l'on s'en