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Libération
Reportage

Mes tissages culturels

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Bustier en wax, jupe courte en bogolan et robe en pagne, des jeunes filles d'origine africaine mêlent tissus traditionnels et stylisme occidental. Délaissant l'uniforme Nike-Reebok, elles enracinent la nouvelle mode black.
publié le 5 juillet 2002 à 0h18

Porte de la Chapelle à Paris, entre un bus ronronnant au feu rouge et un ballet de voitures fumantes, Aminata ondule dans sa longue robe en wax. Elle dépasse un ado en survêtement, évite une mère de famille en boubou. On la regarde, elle le sait, fait un signe de la main à l'un, sourit à une amie. «S'habiller comme ça, c'est quand même un peu se montrer...», reconnaît-elle, les yeux rieurs. Sa jupe est fendue, son bustier près du corps. Le coton peigné bleu et or est un tissu traditionnel africain, mais la coupe est occidentale, plus pratique pour «rendre visite à ma tante, ou faire mes courses dans le quartier».

«Les garçons adorent.» A 17 ans, Aminata poursuit un BEP vente. Elle est aussi miss Côte-d'Ivoire France. C'est là-bas qu'elle achète le tissu et le fait couper sur mesure. Quand elle ne s'adresse pas aux tailleurs de Château-Rouge, dans le XVIIIe arrondissement parisien. Dernière coupe prévue : «Un bustier asymétrique en wax, comme les Destiny's Child.» «Excepté lors des cérémonies et des baptêmes, je vois encore peu de filles d'origine africaine porter ces vêtements mi-traditionnels mi-modernes, mi-africains mi-occidentaux. Souvent elles ont un peu honte, peur qu'on se moque d'elles... Moi j'en suis fière. Et les garçons adorent que les filles s'habillent avec les tissus du pays !» Aminata se moque des «Fatous», ces Africaines qu'elle croise au lycée, «avec leur jogging, leurs baskets et leur gros pull, tout juste un foulard africain dans les cheveux...». Mais elle