Cassandra Wilson descend du train à Clarksdale. De retour vers son Mississippi natal l'été dernier, la chanteuse, née à Jackson, ancienne figure du collectif M'Base avec Steve Coleman, a choisi la ville légendaire du blues pour laisser ses compositions s'imprégner des climats ouatés du Delta.
Retour chez soi et donc sur soi, qui le mois suivant justifie les projecteurs du Time Magazine et les palmes de «meilleure chanteuse des Etats-Unis». Cassandra Wilson, après des repérages fertiles en rencontres pour un lieu d'enregistrement en terre de bluesmen, s'installe dans la petite gare ferroviaire désaffectée qu'elle transforme en studio. En compagnie de quelques vieux loups du coin, son guitariste (et directeur musical) Marvin Sewell, les percussionnistes Jeff Haynes et Cyro Baptista, le bassiste Mark Peterson, se dessinent les traits métissés de blues, folk, soul et jazz de Belly of the Sun (Blue Note).
Au carrefour de ses influences sur ce sol mystique, l'empreinte de la chaleur torride et de la moiteur de l'air pénètre de langueur, des compositions où sa voix sensuelle, légèrement voilée avance, nonchalante, dans un contexte minimaliste. Pêchés à la source, deux titres blues de reprise You Gotta Move et Hot Tamales enregistrés dans un wagon abandonné, un éclairé Darkness on the Delta au piano, jouxtent d'autres suds, reliant les notes bleues à la saudade brésilienne de Waters of March (Aguas de Março) de Tom Jobim ou Rio interprétées par Milton Nascimento. Pour se retrouver s