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Libération
Critique

Tropical trio

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publié le 11 juillet 2002 à 0h22

Vivement recommandé à tous ceux qui ont le moral dans les chaussettes (de circonstance sur la moitié nord du pays), ou qui subissent le syndrome d'amorphisme précongé annuel, le remède s'appelle Trio Mocotó. Avec ces trois-là et leur Samba Rock (Crammed Discs) sur une platine, c'est déjà un pied dans la tong et la tête hors des nuages. Et pour cause.

A la fin des années 60, cette potion samba soul dont on les dit fondateurs, mixée aux sonorités noires de l'Amérique du Nord en gage de cette époque tropicaliste, ils la peaufinent sur leurs percus au Jogral, fameux club de São Paulo alors qu'ils jouent séparément avec les célébrités locales de la samba et du chorinho. Jorge Ben, croisé à Rio, fait le déplacement jusqu'à la boîte paulista. Ils ne se quitteront plus. Luis Carlos Fritz, Nereu Gargalo et João Parahyba gravent Jorge Ben 1969 et Força Bruta, références du genre ainsi que trois albums solo, aujourd'hui collectors recherchés. A Cannes en 1970, premier test hors frontières, l'enthousiasme est tel qu'on les bisse pendant une heure ! Mais tout s'éteint avec l'arrivée du disco.

C'était sans compter avec le regain pour la cause sur les dancefloors, des Amériques à l'Europe, via les trésors enfouis de DJ fureteurs comme cet Anglais passé par la radio brésilienne en 1994 avec un morceau daté 1975. Grâce à ces «nouveaux Christophe Colomb» comme les qualifie Parahyba, les trois compères renaissent de leurs cendres, trente ans après leur succès avec Jorge Ben, euphorique période P