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Libération
Critique

Heurts d'ouverture

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publié le 30 juillet 2002 à 0h31

A Bradford, ancienne capitale du textile au nord de l'Angleterre, la communauté pakistanaise musulmane rassemble plus de 50 000 personnes, débarquées dans les années 60 de l'ex-possession britannique, comme la famille Younas et ses six enfants. Vivant et ­ maintenant que les usines de textile ont fermé ­ travaillant souvent entre eux dans des paki owned businesses, l'écrasante majorité semble n'avoir guère d'attirance pour un mode de vie à l'occidentale. On flotte ici très loin des ambiances permissives des romans d'Hanif Kureishi et les tensions ou reproches sur le manque de volonté des Pakistanais de s'intégrer sont légion. Du coup, la ville dont ils ont investi le centre (et non les périphéries) a versé d'elle-même dans une sorte d'«apartheid social» dénoncé par l'un des participants au documentaire Ici pour toujours, construit comme un débat évolutif entre porte-parole des différentes communautés. Un débat dont on aurait aimé avoir les échos après le 11 septembre. A Bradford, il est impensable pour un Pakistanais de faire un mariage mixte, et plutôt compliqué d'échapper au mariage arrangé (filles comme garçons). Un autre visage de l'islam puisqu'en France, entre un quart et un cinquième des musulman(e)s épousent un(e) Français(e) de souche.

Grâce notamment aux filles de la deuxième génération, revendiquant leur propre indépendance, les esprits évoluent. Ainsi, Saeed, 30 ans et aîné des Younas, s'oppose à toute idée d'union arrangée. Fidèle à ses racines, il a transmis la