May-Torill trouve que «l'ecstasy, c'est marrant. Sous ecstasy, tout te réussit.» Ragnar, lui, préfère les amphétamines qui transforment «le nettoyage des chiottes en partie de plaisir». Quant à Olaf, il a un faible pour l'héroïne qui «compense toutes les humiliations, même la prostitution».
Junkies laisse la parole à dix toxicomanes, hommes et femmes, qui donnent leur point de vue sur la dépénalisation de la drogue ou les traitements de substitution à la méthadone. Ils racontent surtout le copain qui devient bleu par overdose, les piqûres dans l'anus quand toutes les veines sont esquintées. Le Norvégien Trond Kvist a réalisé un film hors conventions, comme son controversé Boomerang qui, en 1995, relatait les violences policières de sa ville de Bergen. Il bouscule le spectateur avec un montage parfois haché, à la manière d'un clip, où les témoignages sont illustrés d'images de sang, de seringues, de cuillères fumantes, en couleurs et noir et blanc. Aucune place n'est laissée au corps médical ou à la justice : Junkies ne s'attache délibérément qu'aux drogués. De Glenn, l'intello théâtral qui rationalise, à Roald, le seul à fanfaronner : «Ma vie, je ne regrette pas de l'avoir vécue, je me suis bien amusé.»
Ils critiquent les services sociaux, incompétents à protéger des enfances confrontées à la violence sexuelle, le système pénitentiaire dans lequel un jeune de 17 ans se retrouve enfermé avec des détenus toxicomanes après une banale arrestation pour ivresse. Ils parlent du mur i