Nouveau voyage dans les «archives de la planète» du financier philanthrope Albert Kahn. Après la Thessalonique et la Chine, voici la Macédoine de 1913 vue par le photographe Auguste Léon et le géographe Jean Brunhes. Une soixantaine d'autochromes (le premier procédé de photographie couleur inventé par les frères Lumière, qui tirèrent profit des vertus de la fécule de pomme de terre) sont aujourd'hui présentés.
Envoyé par Albert Kahn, Auguste Léon enregistre en mai 1913 les différents aspects d'un pays usé par la première guerre balkanique et qui, en août, sera partagé entre la Grèce, la Bulgarie et la Serbie. Il en saisit d'abord toute la richesse ethnologique. Une photo représentant une brochette d'hommes ressemble à un échantillonnage. Ils sont huit devant des constructions de bois. Certains portent des bonnets noirs, ce sont des «Macédoniens», d'autres, des bonnets blancs, ce sont des Albanais, d'autres encore, des fez rouges : ce sont des Turcs. Toute une partie de l'exposition est aussi consacrée à la minorité juive de Macédoine, notamment dans la ville de Bitola.
Rues aux pavés irréguliers, coupoles de tuiles mangées par l'herbe, façades à encorbellements... Auguste Léon s'arrête sur cette architecture des Balkans faite d'emprunts, sur des scènes de la vie quotidienne. Des visages regardent crânement l'objectif, dans la lumière vibrante, si particulière, des autochromes. Le procédé fut abandonné, parce qu'il fournissait des images non reproductibles, mais il reste cet im