La réalisation de Tron en 1982 marque une étape du cinéma aussi cruciale que celle de la sortie du Chanteur de Jazz, premier film parlant en 1927 : c'était en effet la première fois que le numérique, autrement dit l'image fabriquée par ordinateur, investissait la bonne vieille pellicule. Peut-être trop en avance sur son temps, Tron fut un échec coûteux pour Disney avant d'acquérir un statut de film culte célébré aujourd'hui par un double DVD de luxe master impeccable qui restitue toutes les nuances de lumières et de couleur, bonus qui permettent de reconstituer la fabrication du film dans toute sa complexité.
Fascination. On pensait que le poids du temps rendrait Tron irregardable vingt ans après, une éternité en matière d'innovation technologique. Or, surprise, l'aspect très daté de son esthétique renforce curieusement son potentiel de fascination les lignes géométriques, quasiment dépourvues d'arrondi, des séquences en images de synthèse éveilleront même une nostalgie tenace chez les anciens détenteurs de l'éphémère console de jeu Vectrex. A tel point que l'on se demande, si après l'hyperréalisme de l'image artificielle atteint dans le film Final Fantasy-les créatures de l'esprit (en 2000), il ne faudrait plus désormais que «l'animation par ordinateur imite la réalité, mais au contraire que la réalité, les acteurs et les décors ressemblent à de l'animation par ordinateur». Condition essentielle, selon le réalisateur Steve Lisberger, «pour retrouver une liberté» d'imagin