Jamais exposition n'était allée aussi loin dans l'immatériel. Ni murs, ni site web, juste une volée de mails. The Centre of Attention, la galerie londonienne à l'origine d'EMail art, creuse un sillon low-tech, entre questionnements sur la position du spectateur et sur le statut de l'objet d'art. Sa dernière proposition a tout pour intriguer : en plein coeur de l'été, quand le Web s'alanguit et les boîtes aux lettres électroniques crépitent autant qu'un feu à l'agonie, il faut s'inscrire pour recevoir un «e-mail d'art», chaque lundi du 12 août au 16 septembre. Jenny Holzer, plus coutumière d'installations monumentales (ses textes défilent façon publicités géantes dans la rue, sur les toits des immeubles...), Ken Friedman, l'un des fondateurs de Fluxus, la Suissesse post-pop'art Sylvie Fleury, le performer Simon Poulter, et Simon Faithfull, le plus multimédia du lot, ont répondu à la proposition du curateur Pierre Coinde. A charge, pour les «visiteurs», d'envoyer leur propre contribution, écho aux courriers d'art, pour constituer le sixième artiste de l'exposition. La règle du jeu ? «Une expo e-mail plutôt qu'un site Internet, parce que l'e-mail limite l'apport de la programmation», explique Pierre Coinde.
Enigmatiques. Sylvie Fleury a envoyé une étonnante photo, deux statues de singes aux yeux rouges, accompagnée d'un texte sibyllin : «Au loin dans les rizières de la montagne les grenouilles croassent leur chansonnette du soir.» Ken Friedman est tout aussi énigmatique. Son «Ma