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Libération
Reportage

Séville, vestiges de l'amour.

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Que reste-t-il de Carmen et de Don Juan? Les traces des deux mythes modernes les plus incandescents, nés dans la cité andalouse, sont disséminées dans une ville qui incarne la passion.
publié le 30 août 2002 à 0h48

Séville envoyé spécial

Comment se reposer des beautés de la ville ? Deux cent cinquante monuments classés. Sans compter les palais dont les vieilles noblesses ont refusé d'entrebâiller les portes, à l'exception de quelques-unes, moins orgueilleuses ou plus fauchées. Heureusement, lorsque l'indigestion architecturale point, on peut encore cheminer dans d'autres Séville. Celle de Velázquez, par la vieille calle de la Gorgoja, où se dresse toujours la maison natale du peintre, et la calle del Puerco, où il débuta dans l'atelier de Francisco Pacheco. Ou la Séville de Cervantès, surtout la rue Sierpes, dont il connut les cachots et y écrivit une partie du Quichotte. Ou encore la Séville, plus imaginaire, de Carmen et Don Juan, puisque les deux mythes modernes les plus incandescents ont eu pour berceau la vieille cité.

Libre cigarière. D'abord, une évidence : les Sévillans n'aiment pas Carmen. L'auraient-ils sinon incarnée dans ce bronze médiocre, celui d'une femme passe-partout, qui attend son amant picador certes face à l'une des portes de la Maestranza (les majestueuses arènes de la ville), mais de l'autre côté du boulevard Colomb, au bord d'une circulation exténuante qui lui passe à ras des espadrilles. Sur le socle, on rend hommage au seul Mérimée, oubliant Bizet qui permit au mythe de prendre son envol. Derrière, le Guadalquivir et le faubourg de Triana où vivait Carmen. La gitane travaillait à la Fábrica real de tabaco (construite au XVIIIe siècle), immense rectangle ocre et