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Libération

Man Of Music

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publié le 30 septembre 2002 à 1h10

Gaël ne répondait pas au téléphone, et on s'imaginait qu'il s'était endormi nu sur le tapis d'Hitler, un cadeau du général Leclerc à son bras droit récupéré par la deuxième division blindée, qui décorait désormais le salon d'Arthur. Du coup on fêtait avec Bryan Ferry ses deux Olympia sold-out au Man Ray. Quelques minutes plus tôt, le «gay divorcé» ­ comme dans la romance de Vernon Duke ­ chantait son vieux Tokyo Joe et son dernier Hiroshima cintré d'un costume gris métallisé Hedi Slimane. Mais on avait la tête ailleurs. Dans une vingtaine d'heures, David ferait son entrée sur la scène du Zénith, et l'on retrouverait le Serpent et les messagers du Man of Music... Le soleil se couchait sur la toile argent, quand il apparut dans les cris et un étincelant costume rouge, ouvrant le show par Life on Mars, habillé des guirlandes pianistiques de Mike Garson, tandis que des ventilateurs faisaient voler ses cheveux comme à l'époque du «Serious Moonlight Tour». La cérémonie montait graduellement en intensité, le groupe enfin émancipé bluffait par sa capacité à passer du folk-rock dylanien d'Everyone Says Hi à la déferlante techno-metal de Hallo Spaceboy. Plus que tout, David était en état de grâce vocale et physiquement inspiré comme à la fin des années 70, jusqu'à incarner une façon de midnight rambler sur un I'm Afraid of Americans apocalyptique. Négocié façon Devo en picking réverbéré, Rebel Rebel éclatait d'une folle exubérance et gémissements androgynes, tandis que d'immenses lett