Ce n'est pas encore un raz de marée mais la levée de boucliers grafico-pacifistes sur le Web constitue déjà presque une armée. En ordre très dispersé, faite d'initiatives individuelles et d'intense réseautage, à la sauce Net évidemment. Surtout sans théorie politique affichée, ni lien assumé avec les activistes antiglobalisation, qui, chaque semaine ou presque, appellent à manifester contre les velléités guerrières de Bush junior en Irak.
On repère ainsi un foyer très infectieux en Italie, autour de l'excellentissime «il piccolo network contra la guerra» : ce site fédère les contributions de webdesigners autour du seul slogan «pas de guerre en Irak». Depuis la mise en ligne, fin septembre, de l'appel à contributions graphiques, le collectif Digitalultras ne cesse d'enrichir sa «petite collection d'images et de mots», puisque «nous n'aimons pas les dollars dans les mosquées ni les bidons dans les tranchées». Mauro Gatti, qui a imaginé un slideshow simplissime («A pour l'armée américaine, B pour les bombes de Bush, C pour un pouvoir corporatiste»), y a participé «parce que je hais la guerre, et aussi la guerre qu'on fait pour l'argent». Une façon de lutter «plus humaine que politique», dit-il.
Appels américains. La même préoccupation anime Not In Our Name (NION, «pas en notre nom»), regroupement hétéroclite d'artistes, écrivains et chercheurs américains. Barbara Kruger, Claes Oldenburg, James Rosenquist, Noam Chomsky ou Russell Banks signent de pleines pages de pub dans les gran