«Non, pas les cadets!» La réplique n'est pas tirée de Cyrano, à la vue des cadets de Gascogne, mais de Maigret tend un piège (1957) de Jean Delannoy et prononcée par Gabin en commissaire débonnaire. Les «cadets», hapax argotique pour désigner les menottes, portent le plus souvent le sobriquet de «bracelets» chez les poulets. Gabin épargne donc ici à un homme l'humiliation d'avoir les poignets entravés devant des journalistes, déjà symbole d'une présomption de culpabilité, avant les discussions de 1999 à l'Assemblée sur l'article 803 du code de procédure pénale, entérinant que «toutes mesures utiles doivent être prises, dans les conditions compatibles avec les exigences de sécurité, pour éviter qu'une personne menottée ou entravée soit photographiée ou fasse l'objet d'un enregistrement audiovisuel». Un second alinéa préconisant d'éviter le port des «bracelets» par les personnes gardées à vue, déférées, en détention provisoire, ou mineures, aggrave l'image criminelle du bijou. L'accessoire n'est pourtant pas prêt de péricliter, grâce à Nicolas Sarkozy et à son envie de passer les menottes autour des poignets du mendiant et de la prostituée.
Humanisme. Les menottes n'ont pas toujours été un objet de souillure. Dénichée aux archives du musée de la préfecture de police, une publication obscure de l'américain T.L. Gross, intitulé Manacles of the world, réhabilite l'objet dans sa dimension progressiste. A la lecture de cette étude, il est clair que le menottage est un humanisme. Si