Après leur reprise en salles en copies neuves au printemps, les quatre derniers films, essentiels, de Pier Paolo Pasolini (1922-1975) sont aujourd'hui disponibles en DVD. Avec la Trilogie de la vie, trois adaptations de grands contes de la littérature universelle, le cinéaste-poète s'était vanté d'avoir ouvert la voie à une plus grande liberté de représentation du corps et de l'érotisme à l'écran, en dehors du ghetto porno : dans les lumineux Décameron et Mille et Une Nuits, comme dans les plus médiocres Contes de Canterbury, le sexe apparaît en effet comme une forme de libération, de bonheur et de jeu. Ces trois films enjoués et néanmoins nostalgiques (Pasolini n'y cachant pas son regret pour ces époques passées) forment comme une parenthèse enchantée avant le bouleversement radical de Saló, transposition des 120 Journées de Sodome sadiennes dans le cadre de l'éphémère République fasciste italienne.
«Lumière noire». Pourtant, à voir la Trilogie de la vie aujourd'hui, il n'est pas difficile, à l'instar de Hervé Joubert-Laurencin (1), «d'y lire rétrospectivement le désespoir lucide et le marchandage des corps, explicitement exhibés dans Saló, film écrit en leur dos et qui les éclaire tous trois, par derrière, d'une terrible lumière noire». Si les bonus de la Trilogie se limitent à une interview de Ninetto Davoli (l'amant-ami de Pasolini, et personnage central des trois films) et à deux scènes inédites des Mille et Une Nuits, l'éditeur Carlotta Films a doté Saló d'un appareilla