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Libération

Vice en forme

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publié le 25 octobre 2002 à 1h32

Dans le concert plaintif des bourses mondiales déprimées, un secteur d'investissement continue de siffloter sa partition guillerette, haussant tandis que les autres plongent : les «vice funds», ces actions du vice qui regroupent les activités capitalistes sujettes à caution morale. Les grands cigaretiers mondiaux, les fabricants d'armes, les géants de la distillerie et de l'alcool ou les industries du sexe jouissent ainsi de ce label ambigu d'actions du vice, qui sont une sorte de symétrique dépravé à la vogue éthique du «commerce équitable».

Une tendance du jeu vidéo reproduit à son échelle, bien plus ironique, ce schéma. Si on ne craignait pas de fournir de mauvais arguments à ses détracteurs, on les baptiserait volontiers «vice games», avec cette précision : le jeu, ne l'oublions pas, c'est pour de faux. Cette veine voyoute existe d'ailleurs depuis toujours dans la culture vidéoludique mais le récent succès, mondial et colossal, de GTA3, lui a donné des ailes, entraînant une floraison de titres qui jouent explicitement sur des pulsions bien connues des joueurs mais longtemps mises en sourdine par l'industrie.

La sortie de l'amusant Beach Spikers, réalisé par Sega, pour le GameCube de Nintendo, marque sans doute une petite date de ce point de vue. Réponse à la bergère Xbox et son équivalent de simulation sexy (la récente version «beach volley féminin» de Dead or Alive), ce titre n'est pas aussi manifestement voyeur que son concurrent, mais il en dit long sur l'aggiornamento