Attention, film rare. Présenté à Cannes l'an dernier, le premier long métrage inuit de l'histoire avait reçu la Caméra d'or avant de connaître un succès d'estime, critique comme public, des plus mérités. La légende inuit d'Atanarjuat, qui mêle forces surnaturelles, rivalités de clans et histoires de trahison comme dans les grandes tragédies classiques, se révèle en effet des plus universelles. Et la mise en scène, autant contemplative que dynamique, de Zacharias Kunuk, compte suffisamment d'images fortes (ah ! cette fuite du héros courant nu sur la banquise pour échapper à ses tueurs) pour que ce «grand poème panthéiste» (selon l'expression d'Anne-Marie Bidaud, spécialiste du cinéma arctique) séduise jusqu'aux plus blasés.
Dans sa dernière séquence, Kunuk montre l'équipe de tournage pour rappeler qu'à travers ce film, la communauté inuit s'est réappropriée son histoire. «Finalement, c'est comme à la chasse. A l'arrivée, on se partage le gibier sans se demander qui a tué quoi», explique le chef opérateur-coscénariste-producteur Norman Cohn, dans l'entretien qu'il a enregistré avec le réalisateur pour le copieux DVD édité par Montparnasse. La dimension documentaire d'Atanarjuat est bien mise en valeur par l'anthropologue québécois Bernard Saladin d'Anglure, qui donne de précieuses clés historiques et ethnologiques pour la compréhension du film, en particulier sur les séquences de chamanisme. De manière plus anecdotique, mais drôlement décalée, le DVD propose le court métrage Ca