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Libération
Critique

L'Amérique latine rejoue son passé

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publié le 8 novembre 2002 à 1h42

Le 11 décembre 1981, l'armée salvadorienne vient de massacrer les habitants du village d'El Mozote, soupçonnés à tort de cacher des guérilleros communistes. Seule survivante, Rufina Amaya dit avoir été sauvée par la volonté de Dieu pour raconter au monde l'horrible tragédie. Le jeu en ligne Tropical Americana débute par ce fait réel sanglant. Le joueur, dans la peau du rescapé, a pour mission de rendre justice à la mémoire de ce petit village où près de mille hommes, femmes, et enfants ont trouvé la mort. Au cours de son aventure, il va traverser 500 ans d'histoire de l'Amérique latine. Lancé le 14 octobre, lors du Colombus Day (jour férié aux Etats-Unis qui commémore la découverte du Nouveau Monde), Tropical Americana a été réalisé par OnRamp Arts, une organisation caritative, chargée de projets combinant nouvelles technologies, arts et communautés locales. Présenté lors de la conférence Race in Digital Space, le mois dernier, au musée d'Art contemporain de Los Angeles, ce jeu à vocation pédagogique est le résultat étonnant de la collaboration entre artistes, enseignants, écrivains et étudiants de Los Angeles. Même si le gameplay, très sommaire, se résume à cliquer sur des objets pour avancer, l'originalité des aventures et la beauté des illustrations (sorte de lithographies signées par le graveur sur bois mexicain Artemio Rodriguez), suffisent à capter l'attention.

Le jeu ne s'embarrasse pas de logique chronologique : dans le même épisode, le héros discute avec les dieux ma