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Libération
Critique

Magiques ethniques

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publié le 8 novembre 2002 à 1h42

Côté musiques ethniques, c'est un mois en or. On remarquera qu'on n'a pas utilisé le terme marchand de «world music», infâme étiquette derrière laquelle se cachent les pires associations de sons ­ «Et si on mettait un biniou avec ce sitar, Fred ?» ­, des mélanges qui ne correspondent à rien, à aucune musique authentique en tout cas, juste un coup de pub pour le rayon World Company du Virgin Megastore de Barbès. Quand on veut vendre des jeans, même des jeans ronds, on en vend. L'ovni du jour, Anacaona (pa'ti pa'mi/Socadisc), retrace en deux parties d'une quarantaine de minutes chacune (une chronique documentaire et neuf chansons d'anthologie) la saga du groupe féminin afro-cubain Anacaona (Ten Sisters of Rythm). Fondé au début des années 1930 à La Havane, le merveilleux groupe des neuf soeurs Castro fut enfin déclaré «héritage national» cinquante ans plus tard à Cuba. Elles ont joué en public jusqu'en 1989. Images émouvantes, désuètes, d'enregistrements historiques, répartis sur deux sessions tout aussi irrésistibles : celles de 1937 (Maleficio, Bésame Aqui) et celles de 1953 (Mambo Habanero, Mambo Mambi). Aujourd'hui, elles ont vieilli, évidemment, ce qui ne rend que plus émouvante la confrontation avec les images du passé, quand elles étaient jeunes et belles.

Tout aussi ethniques, The Romany Trail, deux beaux volumes de musique gitane (en Europe, en Afrique), publiés par Shanachie, qui édite aussi, sous le label historique Yazoo, deux superbes récitals de blues, Big Bill Br