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Libération
Critique

Rivés à Rivette

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publié le 8 novembre 2002 à 1h42

Dix-sept heures et vingt minutes de Rivette, sans compter les bonus. C'est le programme stimulant auquel convie ce coffret massif, qui rassemble six beaux films réalisés dans les années 1980 et 1990. Des longs métrages où il est souvent question de société secrète et d'aspiration à la liberté, de la tension entre l'ordre et l'improvisation. Pour cet ensemble que l'on aurait tort de croire réservé à une minorité de cinéphiles pointus, Arte Vidéo n'a pas lésiné sur les moyens. Les six films ont été impeccablement restaurés sous le contrôle de leurs chefs opérateurs (William Lubtchansky, Renato Berta, Caroline Champetier, Christophe Pollock) et sont tous proposés dans leur format d'origine et leur version intégrale. On découvrira ainsi l'Amour par terre tel que le cinéaste l'avait conçu avant d'accepter, sous la pression de ses producteurs, de couper 50 minutes. «Une version longue plus ambiguë, plus mélancolique», comme l'explique Rivette dans l'entretien d'une heure présenté en bonus. C'est dans l'Amour par terre que le cinéaste expérimente une méthode qui deviendra immuable : un synopsis de quelques pages sert de point de départ, avant que les scènes et les dialogues soient rédigés au jour le jour sur le plateau par plusieurs scénaristes. «Le principe de Jacques, c'est qu'il ne veut pas choisir, il veut que ce soient les choses qui l'obligent à choisir. Donc, tant qu'il y a des choix possibles, on laisse les choses en pointillé», analyse joliment le complice Pascal Bonitzer