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Libération

Bottin d'Ardisson

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publié le 22 novembre 2002 à 1h51

Les bons animateurs de télé sont comme les vins de garde : chers, rares, longs à rendre leur saveur et leur identité. Il a fallu quinze ans à Thierry Ardisson pour sculpter dans les regards son personnage de marquis et installer son salon à l'écran. Droit, détendu, d'une stabilité féroce, ponctuant de levers de sourcils distanciés les conversations qu'il orchestre et remonte sans pitié, avec lui au centre, il est devenu, comme Michel Drucker, un amphitryon audiovisuel permanent. Au début, il y a quelques années, Tout le monde en parle (France 2) était si criard, si nouveau, si sauvage au niveau du montage, que cela ressemblait un peu au bordel où les gens du monde viennent se vendre et s'encanailler. Avec le temps, la nature de l'émission s'est fixée : c'est une annexe des dîners en ville du marquis ­ soit qu'elle les annonce, soit qu'elle les suive. Quand un personnage à la mode entre sur le plateau, on devine qu'il a frayé la veille au soir avec Ardisson, ou qu'il le fera sans doute le lendemain : le tout, c'est qu'on le pense. Les téléspectateurs sont à la fois public et témoin des mondanités ardissoniennes. Ils ont contresigné, voilà un mois, la réconciliation du marquis avec son grand ennemi, l'humoriste Guy Bedos. On imagine les avances, les reculs, les négociations, les pas-de-deux, le déjeuner, le dîner peut-être, qui préparèrent cette émission de prime time destinée à mettre en scène, à consacrer leurs retrouvailles. Les vies hors champ et dans le champ se mélangent