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Libération
Critique

Kannisto en hors champ

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publié le 22 novembre 2002 à 1h51

Il y a des matins hostiles. Aino Kannisto, jeune photographe finlandaise, ne cesse de se mettre en scène, comme une Cindy Sherman du grand Nord, dans des rôles de femmes happées par des situations hors champ. Quelle nuit a traversé cette fille, retirée dans une maison démeublée au milieu des arbres ? Aino Kannisto, qui refuse l'idée d'autoportrait, nous plonge ainsi dans des scènes un peu oppressantes, énigmatiques. Une femme en pyjama rose à l'air malade dans une salle de bains, une autre, les bras croisés, comme un papillon de nuit, une autre s'observant dans un miroir, le visage à moitié caché par une serviette... Dans ces images, dit la photographe, «je ne veux pas qu'on m'y retrouve mais que le spectateur participe à l'histoire. La qualité de l'émotion relève du même principe qu'au cinéma. Je suis incapable de la définir, mais elle me touche». On retrouve pourtant la vraie Aino Kannisto sur le mur d'à côté, dans les images de la deuxième photographe exposée à l'Institut finlandais. Maarit Hohteri livre un journal intime de sa vie d'étudiante et de ses camarades, dont Aino. Un type endormi, à la peau balafrée par les marques de son oreiller ou du paillasson, une fille les pieds au mur, une autre sous la douche. Des instantanés d'une jeunesse accro à MTV, à la bière et au Coca. L'exposition, dans le cadre du Mois de la photo, fait partie d'un «parcours finlandais» qui se prolonge au Centre photographique de Pontault-Combault, sous le titre «MinäSinäMe», ce qui veut dire «