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Libération
Critique

Dylan au sombre héros

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publié le 29 novembre 2002 à 1h55
(mis à jour le 29 novembre 2002 à 1h55)

Le Dylan grandiose et baroque du milieu des années 70, celui de la Rolling Thunder Review, anticipation du sinistre Never Ending Tour, réapparaît ces jours-ci sous trois formes, trois déguisements différents.

Démoniaque. D'abord l'édition semi-clandestine de la version intégrale de Renaldo and Clara, l'un des films essentiels de la seconde moitié du siècle dernier. Dylan s'y présente masqué, coiffé d'un sombrero à plumes, dans des versions country tour à tour sombres et sautillantes de ses chansons de l'époque. C'est un cut-up surréaliste de scènes formidablement bavardes et elliptiques, dans lesquelles interviennent ses deux muses (sa femme Sara et Joan Baez), son double démoniaque (Bob Neuwirth), quelques allégories ginsbergiennes ­ et même un faux Dylan sorti tout droit de Pull My Daisy, le chef-d'oeuvre de Robert Frank et Jack Kerouac. Ensuite, un fabuleux DVD (Tangled Up In Blue, Isis), remix de deux des plus belles chansons de Renaldo and Clara d'un étonnant dynamisme surround, qui vient en bonus du très attendu Bob Dylan, live, 1975, le volume V des «bootlegs» officiels de Columbia.

Et enfin la réédition de On The Road With Bob Dylan (Three Rivers Press), le livre poignant de Larry «Ratso» Sloman, seul témoignage sur ces années de tournées non-stop (et peut-être le meilleur livre tout court sur Dylan).

Avec Renaldo and Clara, Dylan est à l'évidence l'un des derniers contrebandiers de l'image, sauvage, lyrique, warholien, un cinéaste et rien d'autre. Ni l