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Libération
Critique

L'édénique homme des neiges

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publié le 6 décembre 2002 à 2h02

Rencontrer Nicolas Vanier dans la tiédeur ouatée d'un hôtel quatre étoiles a quelque chose d'incongru. On imagine l'aventurier solognot, pour qui chaque escapade parisienne est «une corvée», vous plaquer là pour le premier avion vers les neiges de son cher Grand Nord.

Masochisme. Ce quadra juvénile se plie pourtant de bonne grâce à la promotion du joli DVD de l'Enfant des neiges, le film qui retrace son étonnant voyage de l'hiver 1993 : six mois dans le Yukon avec femme et petite-fille de 18 mois, à construire de ses mains sa cabane au Canada, avant de partir en traîneau à chiens sur les traces de Jack London. Quand on lui fait remarquer que le Grand Nord sauvage n'est peut-être pas l'endroit rêvé pour un nourrisson, Nicolas Vanier a la réplique cinglante : «Parce que la ville, c'est mieux ? Dans le Grand Nord, l'air est complètement pur. La seule fois où Montaine est tombée malade, c'était au retour, dix minutes après avoir posé le pied à Roissy.»

Dans le film, on frissonne pourtant quand la petite famille traverse des rivières à cheval, avec de l'eau jusqu'à l'encolure ­ «et encore, rigole l'intéressé, on n'a pas filmé quand on passait des rivières de trente mètres de large, sous la pluie». Ou quand Nicolas Vanier glisse de son traîneau, et que les chiens filent sans lui à 15 km/heure : «On est alors dans la même situation qu'un marin tombé à la mer.» On crie au masochisme, mais Vanier répond «paysages inoubliables», «moments magiques au rythme des saisons», «communion avec