Avec sa faconde décalée, son humour tendre et sa générosité exemplaire, le polyinstrumentiste Laurent Dehors s'empare du répertoire (un peu tombé en désuétude par les temps tendance qui courent) de Glenn Miller. Son CD Dommage à Glenn révèle en premier lieu sa philosophie d'un jazz encore possible, qu'il illustre en citant l'adage du chroniqueur André Francis : «Au début, le jazz était fait par le peuple, puis pour le peuple et finalement en dehors du peuple», ajoutant «je trouve qu'il serait temps d'y revenir, je n'aime pas cette bulle.» «Avec Glenn Miller, je veux amener des gens à écouter des choses qu'ils n'ont pas l'habitude d'entendre.» Pari gagné pour ces morceaux qui peuplent la mémoire collective, passés à la moulinette de son expression libre sans être dénaturés. Jamais In The Mood, sa madeleine, tube planétaire joué par le clarinettiste enfant dans les fêtes de famille, n'avait résonné si swing'n'funk sans perdre essence. Sunrise Serenade s'ancre dans la ruralité à coups de guimbarde alors que le débarquement bombardé par les accordéons dans A String of Pearl, évoque le monde du piano à bretelles comme à l'époque «des émissions avec Danielle Gilbert, quand on était petit»... Avec son équipée choisie parmi des fidèles l'excellent et trop méconnu David Chevallier à la guitare et au banjo, Catherine Delaunay à la clarinette et nouveaux François Merville, batteur incisif et précis, Jean-Marc Quillet, sorcier du vibraphone ou Jacky Lignon et sa culture du musette
Critique
Mémorial Dehors
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publié le 18 décembre 2002 à 2h11
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