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Libération
Reportage

Naples. La chance aux santons.

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Dans la crèche napolitaine, le sacré côtoie le profane. Aux côtés de la Vierge et de Jésus, un joueur de mandoline, un aveugle, une diseuse de bonne aventure ou un menuisier... Instantané de la Naples du «Settecento».
publié le 20 décembre 2002 à 2h13

Naples envoyée spéciale

Via San Gregorio Armeno. En cette veille de Noël, c'est l'un des rares endroits de Naples où les Vespa ne passent plus. N'allez pas croire pour autant que vous y trouverez le calme, car c'est là que se vendent les fameux santons ­ qu'ici on appelle bergers (pastori) ­ qui peuplent la crèche napolitaine. Chaque année, dès le 8 décembre, on vient y acheter un Gesù bambino, un ange drapé de soie ou plus prosaïquement un mendiant aveugle ou un vendeur de poisson. Car, dans la crèche napolitaine, le profane et le sacré ont toujours fait bon ménage.

Sur un corps aux allures de poupée vaudou fait de fil de fer et d'étoupe, viennent s'emboîter une tête et des membres en terre cuite puis des vêtements de soie brodés de fil d'or et de paillettes. C'est évidemment la qualité du modelé du visage et des mains qui fera toute la différence entre ces figurines d'une trentaine de centimètres qui peuvent coûter plusieurs centaines d'euros (on commencera par vous donner un prix en millions mais ne vous inquiétez pas : il s'agit encore de la bonne vieille lire). Même si certains pourront s'amuser des Pastori delle Mani Pulite (1) au bas de la rue (cette année il y a aussi un Ben Laden en cage), c'est plutôt à la Certosa di San Martino qu'il faudra aller pour apprécier vraiment cette tradition ancestrale. Car San Gregorio Armeno est à la crèche ce que la place du Tertre est à la peinture.

Certosa di San Martino

Sur la colline qui surplombe les quartieri spagnoli se dresse la