La meilleure façon de cliquer, selon Agnès de Cayeux, n'est pas la plus directe. Sa toute nouvelle «pièce numérique» est encore plus spéciale que les précédents fragments libres dont elle s'est fait une spécialité, entre mise en scène multimédia et saynètes librement adaptées d'auteurs contemporains. Atypique, la frêle Agnès de Cayeux, qui connaît le Net comme sa poche, scrute les petites habitudes de ceux qui y perdent beaucoup de temps, se passionne pour l'intime, le secret, l'invisible, sentiments rarement abordés dans la création numérique. I'm just married, sa dernière réalisation, contraint l'internaute à des agissements presque inavouables, de ceux qu'on réserve généralement à l'intimité des alcôves.
Parfum suranné. La seule navigation possible dans l'image floutée qui s'affiche à l'écran, «ce n'est pas le clic, mais le frôlement», prévient-elle d'entrée de jeu. Et frôler n'est pas tâtonner : là où la plupart des sites masquent les zones interactives façon jeu de pistes, I'm just married n'évolue qu'à la caresse, pour sortir des boucles sonores et visuelles. Le flouté se fait plus précis, on devine derrière cette trame des formes féminines. Abandon, soumission, postures sexuelles... Les images en fondu enchaîné (toutes issues de téléfilms roses et CD-Rom de cul) se chevauchent, dessinent un paysage érotique jamais vulgaire. Impossible d'y trouver référence à l'imagerie porno la plus répandue sur l'Internet, ni d'y voir le pendant numérique des déballages crus d'Ovidie