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Libération

Le gay savoir

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publié le 21 février 2003 à 22h30

Aux Etats-Unis, W. Bush s'en va-t-en-guerre et l'actrice Melanie Griffith fait campagne contre la rediffusion du premier film de son mari, Antonio Banderas. Ce film, le Labyrinthe des passions, est de Pedro Almodovar. Il date de 1982. Banderas est alors un jeune Andalou inconnu. Il est arrivé à Madrid deux ans plus tôt. La movida débute. Almodovar remarque ce beau petit surmâle. Il le travaille au corps, au sexe, le virilise et le dévirilise : il en fait le symbole manipulé de ses transgressions. Le Labyrinthe des passions est le premier enfant de leur union. Ce n'est pas un enfant sage : plutôt un Gremlin, engendré entre une backroom et une boîte de nuit sur le cadavre en uniforme de Franco. Banderas y joue le rôle de Sadec, l'amant homosexuel de Riza, jeune prince de l'empire du Tiran. Riza tombe amoureux d'une jeune femme. Sadec, lui aussi tiranien, décide de le faire enlever par ses amis, des étudiants islamistes. Cette féroce et perverse bluette ne semble pas au goût de Melanie Griffith. Elle ne veut pas que le film soit diffusé au pays du Bien. Il pourrait, dit-elle, nuire à sa carrière. Un mari pédé, entouré d'islamistes : ce n'est pas l'idéal hollywoodien ou texan. On aimerait savoir ce qu'en pense Banderas ­ mais il ne le dit pas. Sans doute est-il d'accord, après tout. Pour avoir la paix, d'abord. On imagine la scène de ménage. Melanie : «Antonio, comment tu as pu jouer dans ce fuckin' movie. Oh, shame ! C'est vraiment trop affreux. Tu as pensé à notre réputation ?