Parmi les «plus grands airs classiques utilisés dans la publicité», Aquarium, extrait du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns nous prend la tête. Ce bref et innervant mouvement s'infiltre partout. Il change à chaque fois de forme, de support et d'époque. Il se propage en douce comme un nuage radioactif. Il confirme à lui seul l'hypothèse de l'«écoute atomisée» dont parlait Adorno pour qualifier la dissémination marchande de la musique. La dernière fois, il se glissait dans un Nova mix sur l'antenne parisienne du même nom, samedi matin dernier. Mais sa plus récente occurrence grand public reste le spot de publicité Gallia 2, vantant le lait maternisé pour nourrisson (2 pour deuxième âge). Il figure donc logiquement sur la compilation RTL des «Classiques de la publicité». Sur la jaquette, les compositeurs de chaque extrait sont associés aux marques qui les ont pillés. Ainsi le compositeur du Choeur des bohémiennes de la Traviata est rebaptisé Vania-Verdi en souvenir du spot pour les protections Vania (une dizaine de femmes refont la coupe de l'America, cheveux au vent un dimanche de printemps). Les autres attelages sémantiques glissent aussi naturellement : le prélude de la Suite pour violoncelle n° 1 (une belle berline enchaîne les tunnels jusqu'à l'orgasme) a été écrit par un certain «Mercedes-Benz-Bach», Rigoletto réalisé par ce sacré farceur d'«Aoste-Verdi» (le jambon Madrange mais cru et sans Véronique Jeannot) et le Barbier de Séville entièrement préparé à l'«Huil
Le petit poison d'«Aquarium»
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par Emmanuel PONCET
publié le 21 février 2003 à 22h30
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