Arrivé à l'âge de la maturité, le festival du documentaire reflète cette année l'épanouissement actuel de ce bien nommé Cinéma du réel. Mais c'est dans la sélection internationale, effectuée par la directrice Suzette Glénadel, que l'on trouvera la plus grande richesse créatrice. Les films de la compétition française, eux, s'en tiennent ici à deux styles d'écriture. L'«intime» qui persiste et signe près de 7 films sur les 22 présentés. Des exercices familiaux parfois acrobatiques d'où émergent la Trace vermillon (Delphine de Blic) et Tu seras communiste, mon fils (Jean-Christophe Victor). Et ce «social» en crise dont certains cinéastes français se saisissent avec force, comme Anne Doublet (les Sucriers de Colleville) ou François Chilowicz (les Hommes du Labici B.).
La compétition internationale recèle, elle, une plus grande liberté cinématographique.
Certains films semblent partir à l'aventure, sans sujet en poche, juste un regard sur le monde. Deux poignantes ballades philosophiques venues de l'Est, aux titres proches, Au bord de la vie (Victar Asljuk) et A la limite de l'existence (Dmitrij Zavigelskij) ; un thriller familial noir-américain signé Jennifer Dworkin (Love & Diane) ; et une sorte de psaume en noir et blanc, Nail, du Taïwanais Huang Ting-Fu.
Dans le cadre clos du temple de Long-Shan à Taipei, le réalisateur glisse sa caméra sur les visages de la croyance, ferme le micro sur les prières, ralentit le temps sur les rides d'un vieillard. Et retrouve le réalisme poétique