«Il y a deux sortes d'horreur. L'une joue à cache-cache avec le spectateur, l'autre lui court après.» La ligne de démarcation, pas forcément étanche, est au coeur du cinéma de Guillermo Del Toro, maquilleur devenu réalisateur, dont les deux derniers longs métrages viennent de sortir dans de splendides éditions DVD (1). D'un côté, un film personnel où l'atmosphère prime, sur le mode «moins on en voit, mieux c'est», mais non dénué de spectaculaire. De l'autre, un «pop corn movie» tendu vers l'action et l'hyperbole, avec des éclairs de pure folie. «Avec l'Echine du diable, j'ai satisfait mon intellect ; avec Blade II, mon désir d'enfant pour les grosses machines», avoue le cinéaste mexicain. L'Echine du diable est un film fantastique «à l'ancienne», humaniste, où le fantôme provoque plus de pitié que de peur, où les vivants provoquent plus l'effroi que les morts : la scène la plus terrifiante de cette chronique d'un orphelinat espagnol en pleine guerre civile montre des miliciens franquistes exécuter froidement des républicains.
Blade II est une variation postmoderne sur le vampirisme, qui associe gore, arts martiaux et style cartoon le clou du film étant une décapitation longitudinale avec gros plan sur le cerveau coupé en deux et l'oeil qui cligne. Le parallèle entre les deux films (aussi réussis l'un que l'autre) est des plus stimulant, d'autant que Del Toro se révèle un exégète passionnant de son oeuvre. Erudit quand il explicite ses références visuelles (pour Blade II, il