Pour l'automne prochain, le couturier Tom Ford (Gucci) a répliqué une répliquante. Son long et froid mammifère ongulé a pris le style et les habits de l'actrice Sean Young dans Blade Runner. Sean Young y joue le rôle d'une jeune femme qui ne sait pas qu'elle est un répliquant, un être artificiel de haute définition. Harrison Ford, chasseur de répliquants, devrait la tuer ; mais il tombe amoureux d'elle. La femme-androïde est l'avenir de l'homme, s'il en a un. Ce qui n'est pas sûr. Le film de Ridley Scott date de 1982. Il est inspiré, comme tant de grands films de science-fiction, d'un roman de Philip K. Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Philip K. Dick a écrit tous les cauchemars psycho-technologiques que nous aimerions, sinon vivre, du moins voir. Nous aimons les lire pour nous faire peur, puis pour les oublier. Malheureusement, K. Dick a un tel talent qu'on ne les oublie plus. Les cinéastes le savent et ils en profitent. Au cinéma, Blade Runner a créé une ambiance destinée à devenir une mode angoissée : la capitale métissée sous effet de serre, où chacun cherche ses limites sans les trouver. Ça clone, ça mute, ça se mélange. Ça s'indifférencie et s'isole comme dans une glaire acide et sale. Ça mange des pâtes chinoises dans des échoppes au pied des buildings dont la tête se perd dans les nuages ou dans la nuit. Et, surtout, il pleut tout le temps. On dirait Hongkong par temps de mousson, sans la mer ni les îles. Sans la fascination architecturale qu'e
Dans la même rubrique