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Libération
Critique

Métal en tous genres

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publié le 10 mars 2003 à 21h57

C'est une ode au métal, sous toutes ses formes : en fusion dans les aciéries d'Hagondange (Moselle), en copeaux, tissé, ou en liberté sur les routes de France de 1939, sous la forme d'une ravissante Bugatti. La galerie Françoise Paviot a rassemblé des images, toutes liées à l'industrie, de René-Jacques, 94 ans, dont l'oeil sûr a su créer une oeuvre qui se rattache à un classicisme propre à la tradition française. Le photographe est surtout connu pour ses paysages marins et ses images de Paris. Les clichés aujourd'hui exposés sont, eux, le résultat de commandes, ce qui n'excluait pas ce que Robert Doisneau (membre, comme René-Jacques, du Groupe des XV) appelait «ce regard oblique, qui engage à voler, quand les occasions se présentent, un peu de temps payé par les différents employeurs». Des employeurs en l'occurrence prestigieux pour René-Jacques : comme le constructeur Bugatti, les aciéries Jeumont-Schneider ou la Régie Renault, qui lance en 1951 une campagne en l'honneur de la 4 CV, fabriquée en série à Flins et au Mans.

Des lumières voilées, les reflets du métal, l'infini d'une chaîne de montage... René-Jacques saisit la puissance de ce monde industriel, où l'homme, hormis une image de travailleurs de l'acier en casquettes pendant la pause, n'est visible qu'à travers sa production. Un crochet de pont roulant engage à la contemplation. Un vilebrequin trône à côté d'un bloc d'acier similaire à celui d'où il est issu. Des pièces métalliques sont saisies comme des bébés nus sur