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Libération
Critique

Tenor, l'homme orchestre

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publié le 12 mars 2003 à 22h00

Ni mafieux sur canapé à la Tony Soprano, ni défourailleur d'élite à la Johnny Guitar, Jimi Tenor, comme son pseudonyme l'indique clairement, est tout bêtement saxophoniste (douze ans de gammes assidues au Finnish Music Institute), voire accessoirement pianiste, organiste, flûtiste, écuyer (il lui arrive de débarquer sur scène juché sur un fier percheron), agité du bocal et trublion ès-musiques. Finlandais d'origine, ce gugusse autrefois étiqueté techno se réclame en effet du Sun Ra Arkestra période Space is the Place (pour le foutoir collectif et les excès électro-cosmiques), du Parliament de George Clinton (à l'époque où celui-ci exerçait encore sous le titre de Doctor Funkenstein) et des virtuoses soul-jazz de la Blaxploitation, Roy Ayers, Willie Hutch et Isaac Hayes en particulier. Aussi, personnage introverti dans la vie quotidienne, Tenor se métamorphose-t-il, face au public, en leader flamboyant, prônant volontiers la dérision sans sacrifier pour autant à la parodie. Ainsi, en 2000, réunissait-il les cinquante-cinq musiciens de l'orchestre du Grand Théâtre de Lodz afin d'enregistrer Out of Nowhere, album autrement éparpillé que ses précédents essais sur Säkhö, le label pointilleux de Tommi Grönlund ou Warp, la maison mère de l'electronica. Pour confectionner Higher Planes, son dernier CD (kitty-yo), Jimi a appliqué une recette identique, mobilisant un big band cuivré de treize pupitres qui l'accompagne en tournée et, selon les lubies du chef, sonne tour à tour comme Ce