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Libération

Madonna et moi

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publié le 11 avril 2003 à 22h45

On reconnaît la pop star intégrale lorsqu'elle atteint ce point critique où chacun peut entretenir une histoire très intime avec elle en s'anonymant dans la masse millionnaire de ses fans. Ainsi de Madonna dont la conquête spatio-musicale sur les vingt dernières années relève toujours autant de l'hallucination. Au moment où sort son nouvel album American life, un étrange et confidentiel titre, le bien nommé Me and Madonna de Black Strobe (alias Arnaud Rebotini, Ivan Smagghe et ponctuellement Jennifer Cardini), raconte en quelques minutes électroniques la formidable pop-conversion à laquelle la Madonne a contraint une génération entière de puritains maniaco-dépressifs élevés à la cold wave. Autant dire sceptiques voire nauséeux lorsque la Ciccone survint. Son look à base de croix en bois, surmaquillage et dentelles noires, ne déparait pourtant pas dans les caves gothiques où de tristes sires remuaient martialement leurs bras et jambes rigides le long du corps. D'ailleurs les Lords of the new church parodièrent cette honteuse fascination en reprenant Like a virgin. Le Me and Madonna de Black Strobe met exactement le doigt là où ça fait mal : «J'aime Madonna/je me sens coupable.» Un repentir ennuyé d'autant plus troublant que les noces officielles de l'electro sombre à la française (Mirwaïs) et de la volupté pop US incarnée par Madonna ont depuis eu lieu via l'album Music. Sur des bloups bloups synthétiques et des guitares période New Order, le duo Black Strobe geint cette sour