Vingt ans après : Gabi Delgado Lopez et Robert Görl. Deux garçons thuriféraires à l'époque d'une intrigante «amitié germano-américaine» qui donnait nom et sigle à leur union (Deutsche Amerikanische Freundschaft, autrement dit DAF) et qui, pour cause d'actualité irakienne et de mésalliance onusienne, vaut aujourd'hui, plus que jamais, son pesant de porte-à-faux. Faux semblants, faux mouvements, faux jumeaux. De visu, ça ne fait pas un pli : en 2003 comme en 1982, Lopez et Görl posent torse nu sur la pochette de leur album, 15 nouvelles Daf-chansons. Gabi, le Latin, est aussi brun et velu que Robert, le Germain (cousin ?), est blond et glabre. A peine vieillis, un peu fondus. Rien n'a changé. A un détail près : autant l'image de 1982 était dorée et suante, autant celle de 2003 est en noir et blanc asséché.
Comme si nos deux lascars étaient passés du hammam humide au sauna sec. Sans cependant quitter le même club de rencontres viriles et envapées. Fait chaud. Leur musique est à l'unisson, à la fois datée et contemporaine, autant dire inactuelle. Ce qui fait que certains titres clefs de 1982 (dont l'intuable Der Räuber und der Prinz) se glissent sans lubrifiant dans la serrure des chants d'aujourd'hui et singulièrement dans le chant 13, Komm in meine Welt («Viens dans mon monde»). La faille spatio-temporelle ne s'est pas rouverte, elle ne s'est jamais fermée. D'un DAF l'autre, c'est la même geôle d'un chant d'amour au téléphone où l'on triche sur son âge (plus jeune), son physiqu