Menu
Libération
Critique

Ecrans résistants

Article réservé aux abonnés
publié le 18 avril 2003 à 22h54

«Sous la plage, il y a toujours des pavés à jeter dans la mare stagnante du flux médiatique», affirme Patrice Allain, à l'initiative d'une nuit peu ordinaire à Nantes. Il est question de boucler la boucle des média-activistes, de rafraîchir la mémoire de ceux qui s'emparent du Net comme d'un média coopératif, indépendant et alternatif. Et de rappeler que la même utopie présidait à l'aube des années 60, dans l'antre de collectifs d'artistes qui depuis ont «percé» au-delà de l'étiquette militante. Chris Marker, Harun Farocki ou Raymond Depardon en sont les hérauts.

«Caméra au poing». La génération Samizdat et Indymedia, celle-là même qui a lancé le slogan dont la manifestation nantaise porte le nom, «Don't hate the media, become the media» («Ne haïssez pas le média, devenez le média»), a peut-être oublié ces cinéastes, vidéastes et artistes qui descendaient «dans la rue caméra au poing», dixit Patrice Allain, pour suivre la lutte des Lip (Lip 73, de Dominique Dubosc), le combat du Front homosexuel d'action révolutionnaire (Fhar 1971, de Carole Roussopoulos, Vidéo out).

A Nantes, les projections s'enchaîneront pour un utile retour aux sources, avec la Société du spectacle (Guy Debord, 1973), Between the lines (Antoni Muntadas, 1979) et Vidéogramme d'une révolution (Farocki, 1992), compilation de films d'amateurs et d'images de télé sur la chute de Ceausescu en Roumanie.

Ce point de vue nantais permet de mieux comprendre la filiation entre cette première génération et ceux qui reve