Fraîchement exilé en Argentine et vêtu d'un nouveau poncho 4 X 3 mètres furieusement jeté sur l'épaule, Florent Pagny relance la chanson engagée. Plusieurs années après le pamphlétaire Presse qui roule (me casse les couilles), son dernier single, Ma liberté de penser, veut manifestement renouer avec les grandes saillies rougeoyantes de Jean Ferrat, voire de Trust (Antisocial). Bravant l'interminable ère de dissolution des idées, de crépuscule du gauchisme culturel et de raffarinisme pentu, Flo et son poncho s'attaquent frontalement au pouvoir avec un grand P, redonnant ainsi un espoir de renouveau politique à la variété française. Ce que ce nouveau Jean Meyrand à dreadlocks blondes appelle sa «liberté de penser» et qu'il met en scène dans la chanson éponyme, c'est le fait très pénible de se retrouver aux prises avec des huissiers. Sur un tempo rapide et des riffs folk rappelant Le vent nous emportera de Noir Désir, Florent pousse son cri social-primal : «Quitte à tout prendre/Prenez mes gosses et la télé/Ma brosse à dents, mon revolver/Prenez ma femme, le canapé...» Et de clamer, en enfourchant ce vieux cheval fourbu de l'anarchisme chansonnier : «Mais vous n'aurez pas (un temps) Ma liberté de penser.» «Tin-tin-tin !», est-on tenté d'ajouter comme Coluche dans Misère («c'est toujours sur les pauvres gens que tu t'acharnes obstinément»). Florent Pagny reforme les CCC, Cellules communistes combattantes ; il se lance dans la ritournelle antilibérale ; il s'abonne pour trois ans
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