A supposer que la télévision, comme le cinéma, soit du cinéma (et rien d'autre), on ne voit pas pourquoi elle ne recélerait pas des auteurs cachés. Au cinéma, un auteur, c'est d'abord celui qu'un spectateur s'autorise à proclamer comme tel. «Est souverain celui qui décide de l'état d'exception», disait Carl Schmitt. Est un Etat voyou (a rogue state), le pays que nous décidons d'appeler voyou, disent les Américains. Les Américains décident qui sont les Etats voyous, les cinéphiles décident qui sont les auteurs. C'est ça, et rien d'autre. On s'était permis, il y a sept ou huit ans, de décréter qu'il n'y avait qu'un seul auteur à la télévision, Steven Bochco. On dira aujourd'hui qu'il y en a deux : Bochco (NYPD Blue, traduit en français par New York Police Blues) et son disciple direct, David E. Kelley (Ally McBeal, The Practice), descendants flamboyants de la série fondatrice du feuilleton américain, le célébrissime Hitch cock présente.
Trahison du maître. Le premier à avoir compris que le cinéma vivait ses dernières heures (en tant que cinéma, évidemment), c'est Hitch cock. En 1955, il passe avec armes et bagages à la télévision, réservant au grand écran ses derniers grands films maniéristes, Vertigo et Marnie. La trahison du maître est un événement encore sous-estimé des bastions cinéphiles modernité de la mise en scène, minimalisme surréaliste, l'événement n'a même pas l'air d'avoir eu lieu. Les rares épisodes d'Hitchcock présente se trouvent sur deux coffrets Hitchcock ép