Menu
Libération

Fraction armée rose

Article réservé aux abonnés
publié le 25 avril 2003 à 23h00

Le R'n'B est devenu en peu d'années un genre musical de masse, multi-ethnique, féministe et générationnel. Selon Médiamétrie et son rigolo «baromètre-Jeunes», le R'n'B bénéficie d'un effet de mode «3». Tel un haut niveau d'alerte nucléaire, il signifie que le genre plaît aux jeunes gens d'aujourd'hui âgés de 15 à 19 ans (25 % d'entre eux) alors qu'il ne plaisait pas aux jeunes âgés de 11 à 14 ans en 1998. Bref, c'est une tendance lourde, voire relou, autant chez les sondeurs que dans les pénibles castings de Popstars. A première ouïe trop sirupeux et parodique US pour se trouver investi d'une quelconque charge politique ou identitaire, le R'n'B a pourtant succédé au rap dans la revendication des quartiers, du côté filles cette fois. Avec ses mortes culte (Aalliyah, auteure du somptueux Try Again, morte en avion), ses singeries blanches (Ophélie and co.) mais aussi sa fraction armée rose.

Ainsi de Laidy Laistee qui conjugue bien la dimension commerciale du courant, avec celui, plus politique, de la défense du droit des filles. Le Guide du respect proposé par le gouvernement après la manifestation Ni putes ni soumises, semble déjà tout entier contenu dans Un peu de respect (chanté avec Diam's). Le morceau se met sous la haute protection symbolique d'Aretha Franklin, mère supérieure du R'n'B, dont le mythique R.E.S.P.E.C.T. (composé par Otis Redding) constitue le fond de sauce. Sur cette base sixties, Laidy Laistee et Diam's attaquent les mecs, frontalement : «Alors, comme ça, t