D'un côté, un collectif d'artistes, Incident; de l'autre, une revue d'art contemporain en ligne, Synesthésie. Le calendrier printanier qui les unit fortuitement autorise un petit exercice de comparaison pour tenter de comprendre comment se fabrique le Net-art à la française. Nés la même année, en 1995, Synesthésie et Incident ont survécu aux déboires de la nouvelle économie en restant groupés, sans la jouer trop franco-français non plus. La preuve, les projets qu'ils présentent en ce moment s'alimentent d'échanges internationaux : un numéro spécial Transimages européennes pour Synesthésie, un hors-série consacré au thème académique du drapé pour Incident.
«Brèche fiction-réalité». Synesthésie a monté un réseau de centres d'art et de nouveaux médias en Europe (en Grande-Bretagne, Suède, Italie et Autriche) pour ce projet multisupports (des expos en dur, des débats, un site en cinq langues) autour de la place de l'infotainment dans nos médias. «Les artistes sont-ils capables de rendre intelligible la brèche fiction-réalité qui s'est ouverte ?», interroge Anne-Marie Morice, tête pensante de ce Transimages première mouture (1). Incident a travaillé en collectif, décidant du thème «classique, issu de la tradition académique des beaux-arts», explique Karen Dermineur, membre d'Incident, envoyant à leur mailing et aux listes de diffusion d'art un appel à projets, clos fin février. Une quarantaine de projets (sur une soixantaine reçus) sont mis en ligne progressivement depuis une sema