Emanation de «Sud profond» de l'imagerie western, comme l'indiquent le titre South Of Heaven et le nom texan de son groupe (en fait new-yorkais, à géométrie variable depuis le milieu des années 90), Alice, Schneider à l'état civil, est, mine de rien, une maîtresse femme aux airs de Piaf swamp. On n'a découvert que récemment cette petite dame vibrante, entre Chris Whitley (avec qui Alice fit ses premiers pas scéniques parisiens l'été dernier) et le couple électrocutant de saison, Kills, avec l'album Sad Days (Fargo/Night and Day). Moins franchement désaxée que le duo jerk exterminateur, classique à sa façon, Alice ne doit pas être sous-estimée.
Son volume rock medium inspiré 2003 allie guitares crépusculaires de Peter Mavrogeorgis et Alice (For the Horses), toms magnétiques (de David Berger), ardeur froide cinglante du chant d'Alice, formée à l'école Melanie (ancêtre 60's de Björk-Paradis, avec notamment What Have They Done to My Song ?), mélancolie noire (sous le signe du deuil de la mère d'Alice, morte au début de l'enregistrement, d'où le titre Sad Days), tenue des compositions panoramiques d'Alice et des orchestrations (avec duo de clergymen-servants cravatés). Le tout avouant un indice d'hystérie non négligeable. Il faut entendre la dame monter en tension électrique (Run to You) ou en blues white thrash noir de noir («Ce n'est pas possible qu'on soit seule, à se sentir si dérangée»), et songer à l'envoi du manifeste Sad Days : «A maman, papa et aux chiens crevés.» Pour