Ça nous avait échappé, mais Pascal Obispo est un chrétien mystique. Cette théorie inédite, offerte gratuitement avec cette chronique, mérite quelques explications. Dans un essai récent sur le culte d'Elvis Presley (1), un anthropologue s'intéresse en effet à la communauté des fans en général, et à ceux gratinés du King en particulier. «Le parcours du fan, explique Gabriel Segré, évoque celui du mystique dans l'éthique chrétienne. [...] Cette expérience consiste en un véritable modelage de la personnalité tout entière, en un travail sur soi, en une construction de soi comme sujet croyant.» C'est exactement ce qui arrive à Pascal Obispo dans sa chanson intitulée Fan et abondamment illustrée, voire sursignifiée, dans le clip. D'ordinaire, il incarne lui-même l'idole. Là, il se met en scène comme un vulgaire fan. A l'image, il joue du piano à queue. On le reconnaît vite à sa calvitie volontaire, que nous baptiserons tonsure par hypothèse. Le piano tourne sur lui-même comme un manège à chanteur, à moins que seule la caméra ne tourne. Des partitions très compliquées volent au vent. Pascal évoque l'enfance dans une chambre. La vie sous les posters. Le fantasme de gloire. De cette ascèse adolescente se constitue peu à peu la personnalité à la fois infiniment creuse et torrentueusement dense du fan. L'anthropologue, spécialiste d'Elvis, décrit ce lent mais inexorable décollage de soi-même. «On retrouve là une double expérience du cheminement spirituel, composée d'une part de ce q
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