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Libération

Jamel 1er

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publié le 23 mai 2003 à 23h06

Sur le goût national-majoritaire, un simple palmarès des acteurs français les mieux payés en révèle sans doute plus qu'un traité de sociologie. Encore faut-il l'interpréter. Ici, les ennuis commencent et le sociologue revient. Ainsi, pour Jamel Debbouze. Le Figaro informe lundi qu'il fut l'acteur le mieux payé en 2002 : 2,12 millions d'euros. Il devance Gérard Depardieu, Jean Reno, Christian Clavier, Gérard Lanvin, Daniel Auteuil, Samuel Le Bihan, José Garcia, et, comme il se doit dans un pays émancipé, les deux femmes en queue de ce peloton couillu, Catherine Deneuve et Juliette Binoche. Première question : l'acteur le mieux payé est-il forcément le plus populaire ? Les gains de Debbouze proviennent essentiellement d'Astérix et Obélix : mission Cléopâtre. Le comique beur de Trappes (Yvelines) y tient l'emploi, non d'un Gaulois, mais d'un incapable architecte égyptien. Il a su négocier un contrat en or, avec un intéressement de 14 centimes par place au-delà des 8 millions d'entrées. Le film en a obtenu 14,5 millions : preuve que Debbouze évaluait mieux l'impact du produit (et, peut-être, sa propre notoriété) que les producteurs. Preuve aussi que, comme certains rappeurs venus des cités, il négocie sec, ou sait s'entourer de féroces négociateurs. S'ils avaient moins de préjugés, les hommes d'affaires et banquiers de ce pays auraient depuis longtemps recruté, dans les zones suburbaines, quelques disciples : de formidables commerciaux, d'excellents capitalistes dénués de scrupu