Menu
Libération
Critique

L'émeraude Nemrod

Article réservé aux abonnés
publié le 23 mai 2003 à 23h06

Dans le quartier du Bon Marché, le Nemrod est chaque jour envahi par une foule d'habitués qui savent y trouver une cuisine de bistrot bien préparée. Au téléphone, l'accueil est abrupt («Si vous voulez réserver, il faut venir avant 12 h 30 !»), mais, à l'arrivée, protégé par des bâches en plastique, guère seyantes mais fort utiles, le client est servi en terrasse avec célérité et bonne humeur.

Le premier mérite du Nemrod est de servir de vraies salades, avec de la verdure. Cela reste un grand mystère de la tradition du bistrot parisien que de servir des salades sans crudités. Il faut trop souvent soulever les lardons, les pommes de terre ou les magrets fumés pour trouver quelques feuilles jaunies et flapies, assommées sous une mauvaise huile.

Or une salade doit être croquante, pimpante, fraîche. Ce qui est plutôt le cas au Nemrod. La saucisse sèche est sèche sans être archisèche, les viandes de Salers sont fameuses. Pour les déjeuners légers, la maison sert aussi des huîtres de pleine mer de la baie de Quiberon, éventuellement suivies d'un roastbeef salade de bonne composition.

Sinon, la maison ne fait pas dans la légèreté mais dans la chaleureuse robustesse du style auvergnat. Une étonnante spécialité est le pounti, un mélange des viandes tiède avec des pruneaux. Les grands-mères cuisinaient ce mets en fin de semaine avec tous les restes . Lesté, on est paré pour l'hiver, mais c'est original et bon.

Le courageux peut suivre par une andouillette grillée du père Duval ; le témérai