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Libération
Critique

L'hôpital et ses fantômes

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publié le 23 mai 2003 à 23h06

Pièces vides et chaotiques, murs lépreux, papier peint moisi, ascenseurs figés entre les étages, éviers empilés, moquette arrachée, bris de glace, fauteuil roulant à l'abandon, scalpel qui traîne sur le sol, landau dans la salle d'opération. Bienvenue à l'Hôpital. Un bâtiment abandonné, «cassé, dérangé, endommagé, érodé. L'intérieur se compare à une peau mutante couverte de plaies ouvertes», expose Edouard Artus sur le site qu'il lui consacre. Le graphiste s'est mis en tête de faire revivre à sa manière cet endroit délaissé de la ville de Thouars. «Rester un peu, rester toujours», convie le site. Malgré cette lugubre invitation accompagnée d'un bruit de courant d'air qui fait froid dans le dos, la visite de cet hôpital n'a rien de sinistre.

Rêveries. Transfiguré par l'imaginaire de l'auteur qui réinvente l'espace, le site reprend vie, hanté par des fantômes facétieux : un poisson bondit d'une cuvette de WC, un Spiderman nargue le visiteur dans les com bles du grenier, un Mr. Clean propose son pulvérisateur pour bomber les murs du service d'hygiène de taches noires, une baigneuse plonge gracieusement dans le vide, derrière les vitres sales. Les lames du parquet deviennent les touches d'un piano, les interrupteurs, des machines à musiques, les radiateurs, des instruments de percussions.

Des rêveries qui permettent de conjurer la peur, l'angoisse de la mort, le silence qui plane dans ces chambres de long séjour désertées ou dans la salle d'opération transformée ici en salle d'int